Street Art : visite au coeur de la Tour 13

Ca m’a pris quelque part entre le 7ème et le 6ème étage. Une poussée du rythme cardiaque, un sentiment de panique, comme si toutes ces oeuvres allaient me submerger par leur nombre et leur puissance, me rendant incapable de restituer correctement ce dont j’avais été le témoin. Une sorte de syndrome de Stendhal moderne, en quelque sorte :

J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber.Stendhal

le-mag-de-poche-wordpress-image-visitez-la-tour-13 (26)Je me suis repris. 9 étages plus le sous-sol, 4 appartements par étage et à chaque pas ou presque une claque : comptabiliser les choses, ça aide à les remettre en perspective, à rationnaliser le reportage photo malgré la pression. Dans quelques mois, tout cela aura disparu, et ce passage dans la tour 13 sera peut-être la seule occasion que j’aurais. Les conditions sont difficiles : la lumière est soit vive, soit inexistante, parfois les deux en même temps, rendant l’exposition problématique. Et puis il y a toujours ce sentiment, omniprésent, de confusion.

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Entrer dans la tour 13, c’est comme suivre le lapin d’Alice. C’est partir pour un voyage fantasmagorique au coeur de l’inconnu, fait de rêves et cauchemars, de poésie et de brutalité, où la géométrie se pare de lignes floues. Tout ici est fait pour entretenir cette illusion : trompe l’oeil, culs de sac, circulations fantasques au gré des murs abattus et des obstacles qui se dressent ça et là, des perspectives réécrites et autres chausse-trappes de l’esprit. Ici une porte se dresse à 50 cm de son emplacement normal, là le plancher semble se déformer sous une poussée télékinésique. Inutile d’en rajouter, il faut se rendre sur place pour constater l’incroyable richesse de styles et de disciplines qui sont à l’exercice ici. Au-delà de la performance graphique, les artistes de la tour 13 interpellent le visiteur sur de nombreux sujets : la guerre, l’argent, le pouvoir de l’image et des multinationales, la solidarité ou encore l’identité nationale; à travers des icônes comme Rimbaud, Sartre, Freud ou Dracula, ils nous interrogent sur ce qui fait notre culture.

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A l’initiative du projet, on trouve Mehdi Ben Cheikh, de la galerie Itinerrance : l’idée était de rendre compte de la diversité du street art aujourd’hui. Plus de 100 artistes de toutes nationalités sont intervenus : Italie, Portugal, France, Espagne, Tunisie, Brésil, Argentine, Arabie Saoudite, Chili, etc. La tour 13 sera accessible au public, gratuitement, du 1er au 31 octobre. Après cela, elle est promise à la démolition, mais le projet sera digitalisé et les internautes auront l’occasion de contribuer à la sauvegarde des oeuvres sous leur version numérique : à eux de voter pour décider lesquelles passeront à la postérité.

Remerciements : Mehdi Ben Cheikh/Galerie Itinerrance/Gael

16 réponses à “Street Art : visite au coeur de la Tour 13

  1. A ne manquer sous aucun prétexte, dès le 1er octobre ! Thumbs up aux artistes, à la Galerie Itinérance et Mehdi Ben Cheick !

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  4. Merci pour ces premières photos qui donnent envie d’aller explorer cet immeuble qui m’intriguait. J’adore cette ambiance que j’ai également ressenti en visitant les frigos, dans le même quartier.

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